Pour amateurs de belles rivières

Le Bras de Saint-Paul est très court mais il propose régulièrement des curiosités qui méritent de s'en approcher pour quelques heures. Cette visite ne peut s'effectuer qu'en deux étapes séparées par une haute cascade infranchissable. Cette fiche propose d'en parcourir une partie de la naissance jusqu'à la Ravine Bananes ou plus si les conditions le permettent. Pour explorer la partie basse entre la cascade et Trois Bras il faudra marcher quelques hectomètres à partir du Sentier du Reposoir. Seuls les canyonistes peuvent se permettre de suivre le cours d'eau dans sa totalité à l'aide de leur matériel. Le Bras de Saint-Paul, formé par la réunion du Bras de la Vierge et du Bras Crochet est un torrent qui débute sous la passerelle empruntée pour se rendre à la pierre gravée du Tapcal ou au Captage du Bras de la Vierge. La descente, relativement facile, nécessite cependant un bon entraînement et une réelle habitude de ce genre de pratique aquatique. Les rares écueils se contournent aisément quitte à se contorsionner par endroits ou à braver quelques décimètres vertigineux. La courte visite du Bras Crochet et de la Ravine Bananes permet de découvrir deux beaux bassins entre des gorges infranchissables sans matériel. La Ravine Raisin, quant à elle, peut s'explorer à la condition de grimper comme les braconniers qui y ont installé une échelle sans barreaux et de prévoir une courte corde pour sécuriser le retour le long de la dernière cascade. A mi-parcours, l'effondrement d'une longue portion du sentier a rendu l'accès interdit par l'ONF. Il faut, dès que nécessaire, longer la rivière plutôt que tenter de retrouver ces anciens passages. Les cultures, d'ailleurs, ont presque disparu.

La randonnée débute à l'école de l'Îlet à Cordes où les emplacements de stationnement sont plus faciles à trouver qu'au départ du sentier. Quel plaisir d'être élève dans cette école entourée de fleurs et de paysages grandioses (Photo 1). Les points de vue sont nombreux dans toutes les directions, principalement vers le village et ses plantations de lentilles (Photo 2). Le Dimitile et le Gros Morne de Gueule Rouge dominent l'ensemble. Marcher vers Cilaos et emprunter à gauche le Chemin du Bras de Saint-Paul. A la fin de la descente, avant d'entamer la jonction avec le bras, profiter du paysage avec vue sur l'Îlet du Grand Coude qu'on rejoindra dans 30 minutes (Photo 3). Débuter la descente dans chocas et jouvences sur un sentier en bon état comportant une portion bétonnée et plusieurs lacets. En fin de descente le sentier traverse un bois de filaos avant d'arriver au bras de Saint-Paul. Traverser une première fois le ruisseau puis partir sur la droite par le nouveau sentier pour franchir le deuxième gué (Photo 4). Le parcours remonte ensuite en contournant l'ancien îlet du Bras de Saint-Paul en partie abandonné puis se poursuit vers l'îlet du Grand Coude. Une longue canalisation venant du Bras de la Vierge traverse les champs encore assez bien entretenus et plantés de lentilles (Photo 5). Plus haut, le sentier frôle une case en tôle entourée d'arbres fruitiers que l'on ne touche qu'avec les yeux. Un peu plus loin, après le contournement d'un rein, on s'approche de la passerelle surplombant le Bras Crochet en profitant d'exceptionnels panoramas sauvages sur les remparts du Petit Bénare et la Ravine de la Vierge (Photo 6). L'édifice, malgré la rouille et quelques trous dans le sol grillagé est très solide. Il supporte la canalisation du Bras de la Vierge. Le moindre rien fait vibrer et onduler l'ouvrage aussi est-il conseillé de le franchir une personne à la fois (Photo 7). La canalisation grimpe fort vers la cascade. Marcher en longeant le tuyau une quinzaine de mètres et l'enjamber pour emprunter une sente menant au Bras Crochet par une pente de plus en plus forte et glissante. Heureusement, des câbles sont là pour ralentir la descente s'effectuant sur un sol sableux très friable (Photo 8). Une fois dans le lit du torrent, remonter en évitant les obstacles plus ou moins faciles à contourner et parvenir à un goulet de canyon fermé par un bassin et son toboggan. L'endroit est charmant pour la première pause avant d'entamer la longue descente (Photo 9). Retrouver les passages délicats de la montée (Photo 10) et rejoindre le bas du sentier. On se retrouve à l'aplomb de la passerelle qui enjambe la vallée étroite. Très vite, il faut chercher un passage près d'un bassin qu'on devine plus bas. Passer en rive droite dans une faille comblée de gros blocs où un câble électrique aide à franchir les 8 mètres de descente abrupte (Photo 11). On se retrouve au bassin aperçu depuis la passerelle où prend fin le cours du Bras de la Vierge. L'eau du bassin est limpide avec de magnifiques reflets jaunes et verts. La difficulté suivante consiste à descendre prudemment du gros bloc basaltique dominant le bassin. C'est parti pour tenter de rejoindre la Ravine Bananes en moins de trois heures. De nouveaux blocs monstrueux obstruent le lit mais se contournent aisément s'il n'y a pas trop d'eau (Photo 12). Le lit est comme la plupart de ceux présentés sur ce site : des blocs qu'il faut éviter, enjamber ou franchir en sautant de l'un à l'autre. La pente est faible et le courant jamais dangereux. On se retrouve en 5 minutes, près d'un nouveau bassin créé par les derniers mètres de la Ravine Raisin (Photo 13). Une grosse racine et deux troncs posés sur la paroi laisse à penser que quelqu'un passe par ici. S'il est assez facile de monter en prenant garde, la descente peut s'avérer dangereuse et il est conseillé de ne visiter la belle vallée de la Ravine Raisin qu'en se munissant d'une corde pour la redescente. Reprendre la descente et parvenir en 5 minutes à un impressionnant cassé comportant deux cascades surmontées d'une dent rocheuse très pointue (Photo 14). Contourner la dent par la droite par une montée sérieuse dans les jouvences suivie d'une très forte descente. Il faut nager pour parvenir à la cascade mais l'eau est glaciale. Préférer cette visite sans danger en saison chaude. Le fond de la vallée est de plus en plus envahi de rochers et de filaos dont certains présentent des racines tourmentées par les crues (Photo 16). La descente se poursuit sans grandes difficultés nouvelles jusqu'au nouveau bassin alimenté par un toboggan où l'eau est tout aussi glaciale qu'en amont (Photo 17). La vallée se rétrécit. Le fond est de plus en plus envahi d'énormes blocs rouges (puis jaunes un peu plus bas), issus d'éboulis venant des falaises (Photo 18). Ne pas pratiquer cette descente de rivière en période de fortes pluies favorisant les chutes de roches dont certaines sont énormes. Ne pas manquer une arche basaltique en rive droite (Photo 19) qui doit se contourner par un étroit boyau imposant de se séparer du sac à dos (Photo 15). Une dizaine de minutes plus tard, quitter la rivière au gué franchi au début puis emprunter le sentier des Îlets du Bras de Saint-Paul à travers une végétation pauvre de galaberts, chocas, filaos rabougris et hautes herbes (Photo 20). Le sentier rejoint un plateau. Avant d'entreprendre la descente vers la rivière, ne pas manquer la très discrète sente permettant, au prix d'importants efforts et de quelques glissades de s'approcher d'un grand bassin (Photo 21). L'endroit est sauvage et l'étroite gorge située en amont doit également pouvoir se visiter plus aisément en période chaude après avoir traversé le bassin (Photo 22). Remonter sur le plateau puis entamer la descente vers la rivière par le sentier qui a disparu sur une centaine de mètres suite à un violent éboulis ayant emporté la passerelle. Le cheminement s'effectue principalement dans le lit encombré de blocs (Photo 23). 15 minutes plus tard, on parvient à un coude de la rivière qui pénètre dans une gorge sauvage de toute beauté (Photo 24). Très vite, en marchant entre filaos et roches, on se retrouve devant un dernier bassin alimenté par une chute semi-artificielle (Photo 25). Ce sont les derniers mètres de la Ravine Bananes qui vient doubler le débit du Bras de Saint-Paul en raison de la dizaine de sources des Îlets du Bras de Saint-Paul surgissant au pied du rempart. C'est parti pour une nouvelle grimpette afin d'atteindre le cours d'eau et de nouvelles gorges étroites. On termine la remontée au pied d'une dernière cascade tombant de la plus étroite vallée rencontrée dans la journée (Photo 26). Il est possible de poursuivre la descente du Bras de Saint-Paul jusqu'à la haute chute du point 611 mais cette option demande un très long retour au point de départ. Remonter donc le cours d'eau en retrouvant les mêmes arbres et roches qu'en descente (Photo 27 et 28). Après 4 heures de grosses roches les jambes sont mises à mal pour la remontée à l'îlet à cordes qui paraît interminable.

Profil

Plan de l'itinéraire

  Sites géologiques, en partenariat avec Laurent Michon, laboratoire Géosciences Réunion.

Itinéraire

Se rendre dans le Cirque de Cilaos puis traverser la ville pour se diriger vers l'Îlet à Cordes - Rouler jusqu'à l'école du village - Rejoindre par la route le départ du sentier des Îlets du Bras de Saint-Paul - Descendre à la rivière et remonter vers l'Îlet du Grand Coude - Franchir la passerelle vertigineuse et bifurquer aussitôt pour rejoindre le Bras Crochet - Le remonter jusqu'à la cascade puis rebrousser chemin - Passer sous la passerelle et entreprendre la descente du Bras de Saint-Paul jusqu'au gué vers l'Îlet à Cordes - Au gué, poursuivre vers l'îlet Sources et descendre ou non visiter le bassin - A la fin du sentier, poursuivre dans la rivière jusqu'aux gorges - Après les gorges, remonter la Ravine Bananes jusqu'à la cascade - Faire demi-tour jusqu'au gué et remonter vers l'Îlet à Cordes puis à l'école.

Commentaires sur cette randonnée (3)

Christian L, 06/10/2022 20:24

Randonnée complétée le 13/09/2022 en 7h30

Très belle rando semi aquatique, exigeante par sa longueur et ses difficultés. Réservée aux amateurs du genre. Les plus grosses difficultés se trouvent en amont du Bras Crochet puis plus on descend la rivière c'est relativement plus aisé.La ravine Bananes est superbe mais personnellement je l'ai trouvée bien loin...

ousarsiph, 02/10/2022 08:34

Bonjour.
La cascade du point 611 citée dans la description n'est effectivement pas franchissable par des randonneurs. Elle est accessible par le bas (en poursuivant un peu la randonnée 1035), ou par le haut en poursuivant longuement la présente sortie (et il faudra faire demi tour). Photos jointes de ce passage bloquant vu du dessus et vu par dessous.

Walking Dog 974, 30/09/2022 22:29

Randonnée complétée le 22/09/2022 en 7h30

Bonjour, j'ai étrenné cette nouvelle randonnée en compagnie de Jean-Paul, Ousarsiph2 et Christian L .
Merveilleuse balade au caractère fortement minéral mais aussi aqueux.

Si les cascades n'impressionnent guère par leur hauteur ou leur puissance, on sera séduit par le charme et le nombre élevé des cascatelles et des vasques rivalisant entre elles dans les nuances de vert et de turquoise., quand ce n'est tout simplement pas le tranquille clapotis de la rivière qui vous berce pendant l'avancée.
Voici donc une grosse gourmandise pour les amateurs de ce genre de parcours.

photo 1 : le beau temps était de la partie.
La passerelle enjambant le Bras Crochet est finalement moins inquiétante que je le pensais, ce n'était pas le passage le plus difficile de la journée (même si j'ai parfois le vertige) !
Par contre la descente vers ce Bras Crochet, même avec les câbles, requiert plus d'attention.

photos 2 et 3 : les rochers de toute taille sont bien présents tout au long de la marche; tantôt ce sont des alliés (pour surplomber une chute, longer un cours d'eau) et garder les pieds au sec) , tantôt ce sont des obstacles à franchir (photos 11 et 15 du site).
Parfois ils participent à l'attrait de la balade : arche basaltique (et unique !), colorations ferrugineuses de certains blocs....

photos 4 et 5 : c'est en progressant profondément lors de la descente de rivière que l'on rencontrera les plus belles chutes.
Pour ma part, j'ai trouvé la cascade de la Ravine Raisin intrigante, tandis que la chute supérieure à la première cascade de la Ravine Banane est vraiment belle; la lumière à cet endroit lui donne une couleur intéressante, un peu mystérieuse...

Une randonnée très riche, pendant laquelle j'ai ressenti la fatigue, oui, mais pas l'ennui; les découvertes se succédant sans discontinuité.

Cilaos recèle donc tant de merveilles ?

MERCI Jean-Paul, Merci Laurent !