L'Îlet Bémassoune par la Rivière des Fleurs Jaunes
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Nouveau pèlerinage dans un îlet oublié
Un regard sur les photos aériennes de 1956 permet de repérer trois petites cases sur le plateau Bémassoune et de vastes zones défrichées entourant ces habitations. Comme souvent sur l'île, une fois les anciens disparus au siècle dernier, rares ont été les enfants à poursuivre les longues années de défrichage et faire prospérer ces lopins isolés de tout. Peu de littérature permet d'en savoir plus sur le mode de vie des habitants. Les sentiers les reliant à la civilisation ne sont jamais apparus sur de quelconques cartes et il est très difficile de les repérer 70 ans plus tard. Heureusement, les tangues sont là pour aider les randonneurs désirant effectuer des pèlerinages dans ces hauteurs oubliées. Les braconniers, quand ils ne créent pas leurs propres traces, savent toujours retrouver celles de leurs ancêtres. Cette randonnée aquatique et nostalgique permet de longer durant plus de 4 kilomètres une des plus belles rivières de l'île, méconnue malgré un circuit en boucle pour en reconnaître une partie. Le plus difficile consistera à repérer le départ du sentier discret et à escalader une pente assez forte pour tenter de se promener sur le plateau Bémassoune, désormais envahi de goyaviers. Le GPS, dont la trace saute de rempart en rempart, ne sera d'aucune utilité pour débusquer ce départ de sentier. Il vaudra mieux se fier à l'image ci-dessous qui en donne quelques détails.
Comme nous sommes remontés par l'ancien sentier reliant l'îlet Bémassoune au Butor de la Mare à Vieille Place, nous avons écourté la visite de l'îlet qui doit encore recéler quelques vestiges méritant un détour dans les goyaviers.
La randonnée aquatique débute au pont enjambant la Rivière des Fleurs Jaunes entre la Mare à Vieille Place et Grand Îlet. Rejoindre la rive en suivant le petit sentier en amont du pont. La partie amont de la rivière est beaucoup plus facile à remonter que celle qu'on emprunte car les plaques de basalte y sont plus nombreuses (Photo 1). Passer sous le pont et entamer ces 4000 mètres le long de la rivière. Comme toujours, pas de description sur la manière d'y parvenir car chacun se fraye un chemin en fonction de ses préférences ou de ses habitudes. Il faudra de toute façon marcher dans l'eau, arpenter les rives de galets, de plaques basaltiques ou escalader pour contourner des canyons si l'on veut éviter de nager. Après 100 mètres, ne pas manquer la partie plate en rive gauche pour couper un long méandre. Après un bon quart d'heure de marche, on arrive à la Ravine à Jacquot. Peut-être est-ce la grosse roche située à la fin du torrent qui se nomme ainsi (Photo 2) ? Plus bas, la vallée, encore large jusque là, va en se rétrécissant et les premières hautes falaises apparaissent (Photo 3). On ne les quittera plus jusqu'au pied du Bémassoune. La rivière des Fleurs Jaunes est un torrent pérenne et fougueux qui nécessite parfois un peu d'attention pour le traverser (Photo 4). Heureusement, des plaques de basalte permettent de marcher plus rapidement par endroits sans risque de trébucher sur les gros galets (Photo 5). On passe bientôt sous la passerelle au pied de la Pente Carozin. A tout moment, de fines cascades, des pisse-en-l'air ou des sources coulent des falaises bordant la rivière (Photo 6). La descente comporte très peu de pièges même sans être habitué à ces randonnées aquatiques. Après une heure de marche, on rencontre une petite touffe de bananiers et un camp braco permanent situé au tout début du sentier acrobatique remontant à Bé Cabot (Photo 7). Très vite, on se retrouve près d'un canyon où le seul moyen de passer serait de nager sur quelques mètres. Repérer donc le grand talus en rive gauche. Il débute par de grosses roches qu'il faut escalader avant de franchir un petit col entre les chosas (Photo 8). De ce petit col, on a une belle vue sur l'aval de la rivière qui coule sur de larges plaques basaltiques (Photo 9). Une fois au pied du talus, on peut étudier plus facilement le canyon et les bassins barrant le passage (Photo 10). Poursuivre vers l'aval le long de la rivière toujours aussi fougueuse (Photo 11). La suite de la descente s'effectue le long de magnifiques petits canyons étroits mais surmontés de larges plaques permettant de les éviter (Photo 12). On domine toujours la rivière de quelques mètres où le seul danger provient des roches pouvant être glissantes (Photo 13 et 14). Le plus bel endroit de la journée, le confluent de la Ravine Bécabot et de la rivière Fleurs Jaunes, s'admire également du haut des rives (Photo 15). Trente mètres après, entreprendre la descente vers le lit de la rivière pour éviter d'escalader la falaise qui se présente. Plusieurs passages permettent d'y parvenir en se maintenant aux filaos. On se retrouve entre passages dans l'eau et marche sur galets comme au départ. Plus loin, c'est la Ravine Sèche qui termine sa course dans la rivière par quelques petites chutes (Photo 16). De jolies cascades en amont peuvent s'atteindre mais il vaut mieux les garder pour le retour. Quelques passages un peu techniques imposent de courtes acrobaties avant d'arriver à un gros rocher barrant le passage. La falaise en rive droite, le rocher en rive gauche et la forte pente qui l'entourent donnent l'impression qu'on ne passera pas. Trouver le boyau si étroit qu'il faut d'abord passer le sac à dos avant de se faufiler entre les roches (Photo 17). Ce passage pourrait paraître ludique pour certains randonneurs beaucoup moins pour d'autres ! Une fois l'écueil passé, la descente se poursuit, la vallée s'élargit et les canyons disparaissent pour un temps (Photo 18). La rivière est même plus calme et peu profonde (Photo 19). A l'approche du grand méandre qu'on repère sur la carte, on sait que l'Îlet Bémassoune est situé 150 mètres au-dessus de nos têtes mais de rapides coups d'œil ont vite fait d'éliminer les possibilités d'y monter (Photo 20). Lors d'un cheminement en rive droite, on retrouve des traces de camps bracos, proches du sentier qui remonte à l'îlet du Butor près de la Mare à Vieille Place. Ce sentier, encore bien visible se termine hélas en propriété privée après 400 mètres de montée abrupte et très sportive. Ne pas le tenter. Depuis le départ, on peut observer un peu partout des coulées calcaires chaque fois qu'une source dégouline des falaises (Photo 21). Repérer, en rive gauche, le talus surmontant une plaque basaltique (Photo 22). Difficile d'imaginer que le départ du sentier pour l'îlet Bémassoune se trouve ici ! Escalader ce talus et dénicher, à travers les chocas et filaos, la trace qui débute presque à plat sur une dizaine de mètres. Très vite, c'est penché vers l'avant et les mains au sol ou autour des goyaviers que commence la rude ascension (Photo 23). Revoir le profil ci-dessous avant de se lancer dans cette ascension. La pente est tout d'abord rectiligne et quasi verticale au milieu des jouvences et goyaviers. On peut perdre ce sentier à mi-parcours lorsqu'il oblique à gauche pour traverser une zone couverte de jouvences mais on le retrouve de l'autre côté de ce qui doit être une ravine en cas de fortes averses. Plus haut, le sentier monte un peu moins fort à travers les fougères un peu dénudées par les rares visiteurs du site (Photo 24). Même lorsque les goyaviers sont serrés et que les fougères ou chocas encombrent le passage, celui-ci reste toujours visible malgré les décennies d'inutilisation (Photo 25). Après 130 mètres de montée sportive, on parvient au plateau où il est possible de marcher entre les goyaviers ou suivre les traces laissées par les chasseurs. On se retrouve rapidement face à des vestiges d'enclos de pierres sèches, signes d'exploitation de l'îlet (Photo 26). On retrouve de ces vestiges un peu partout sur le plateau mais aucune trace d'habitations qui devaient être en bois à l'époque ou en tôles depuis longtemps rouillées (Photo 27). La photo satellite montre de belles touffes de bambous qu'on retrouve si souvent en ces lieux d'histoire. En revanche, pas de trace de manguiers, d'arbres fruitiers ou de bananiers, du moins dans la partie explorée. En fonction du chrono, ne pas hésiter à piétiner les jouvences et éviter les troncs de goyaviers pour effectuer un véritable pèlerinage sur ce qui était des cultures dans les années 50 (Photo 28). Le retour, après la descente rapide et glissante, emprunte le même itinéraire le long de la Rivière des Fleurs Jaunes.
Profil
Plan de l'itinéraire
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Itinéraire
Se rendre à Salazie puis rouler vers Grand Îlet - Traverser la Mare à Vieille Place et stationner à l'aire de repos de la Rivière des Fleurs Jaunes - Rejoindre la rivière par le sentier en rive droite en amont du pont - Suivre la rivière jusqu'au départ du sentier de l'Îlet Bémassoune - Grimper sur le plateau - Après le pèlerinage, rejoindre le parking par le même itinéraire.
Enregistrée dans la liste suivante :
L'îlet dans les années 60
Les photos aériennes des années 1960 font clairement ressortir que le plateau était défriché et cultivé. On y distingue assez bien les cases servant sans doute d'habitation. La photo satellite des années 2020 montre beaucoup de verdure et les trois grosses touffes de bambous qui sont proches de la trace proposée ici. On se devait d'aimer la solitude pour vivre esseulé si loin de la "civilisation" de l'époque dont les images montrent quelques cases à Mare à Vieille Place. Il fallait plusieurs heures de marche pour atteindre le village, venir s'y ravitailler et vendre les produits de la récolte portés à dos d'homme.
Commentaires sur cette randonnée (9)
Randonnée ajoutée le : 18/06/2021
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